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La vie éternelle, une certitude !
 
 

« Qu'y a-t-il de plus incompréhensible que l'Eternité, et qu'y a-t-il en même temps de plus certain (1) ? » (Pierre Nicole).

 
 

Bien que le sens profond du mot éternité lui échappe sans doute, l’homme doit cependant reconnaître qu’il existe en lui une soif d’immortalité, de vie éternelle… Cette croyance en une « survie de l’individu » après la mort semble remonter aux origines de l’espèce humaine et de tout temps, dans toutes les civilisations, ce qui peut paraître étonnant, une grande majorité s’est ralliée à l’idée que l’homme est immortel par nature.

« Ce qui est commun aux religions [écrit le scientifique et ancien ministre Claude Allègre], c’est qu’elles ont toutes développé le concept de dieu, de transcendance et d’au-delà, faisant toutes espérer aux meilleurs, l’immortalité (2). »

Plus de 2000 ans av. J.-C., l’Egypte pharaonique est certainement l’une des premières civilisations à s’édifier dans la perspective de l’éternité. Les Egyptiens en effet, tout en reconnaissant la brièveté du temps terrestre, croient en une autre forme d’existence. Osiris, mort et ressuscité, devenu dieu de l’au-delà, leur apporte l’assurance d’une survie éternelle.

Environ 13 siècles plus tard, sur la base d'une espérance similaire, le philosophe persan Zoroastre (fondateur du zoroastrisme, ancienne religion de la Perse) promet à ses disciples l’avènement d'un sauveur suprême, Saoshyant, qui présidera à la résurrection et à l’émergence d'une vie éternelle après la mort.

De même, c'est le désir d'éternité qui meut les partisans du transhumanisme. Ce mouvement scientifique et philosophique récent qui prend de plus en plus d'ampleur propose en effet, par le biais de la science et notamment des biotechnologies, de repousser toujours plus loin les limites de la mort et ainsi d’allonger la vie terrestre de plusieurs décennies, voire plusieurs siècles ! Pour les transhumanistes, cette recherche de la vie sans fin – en réalité, d’une piètre et bien modeste « vie éternelle » – concerne donc l'ici-bas et non plus un au-delà divin et transcendant.

Une vision d’éternité qui nourrit surtout l’espérance des chrétiens depuis deux millénaires ! Pour autant – selon notre culture chrétienne –, que savons-nous de la vie éternelle ? Comment l’homme peut-il y accéder ? Quand commence-t-elle vraiment ? Essayons de répondre à ces interrogations essentielles que tout être humain se pose un jour ou l’autre.


Une perspective réconfortante

Rien que par son caractère illimité (par rapport à notre courte vie terrestre), l’éternité à de quoi nous intriguer. Un sage anonyme l’a comparée symboliquement à un énorme diamant de la taille du poing sur lequel, chaque matin, une colombe viendrait donner un coup de bec. Une fois que cette pierre précieuse, progressivement usée par les assauts répétés ait complètement disparu – rappelons que le diamant est le plus dur des minéraux naturels –, il se serait écoulé « une seconde de l’éternité » !

Et si nous considérons maintenant le fait qu’à celle-ci, les différentes religions ont en général associé (avec quelques nuances) la notion de bonheur, alors vraiment il n’est pas anormal d’en rêver sérieusement un jour ou l’autre ici-bas... à moins d’y avoir déjà trouvé le paradis !

Mais dans notre compréhension de l’éternité, encore faut-il discerner ce qui n’est que fable, fantaisie ou débat philosophique hypothétique ! Les avis à ce sujet sont divers et contradictoires. Par contre un point est sûr, pour tous les descendants d’Abraham (Juifs, Chrétiens et Musulmans), l’éternité est le premier attribut de Dieu, d’où son nom « l’Eternel ».

Puisque nous vivons dans une civilisation dite « judéo-chrétienne », pourquoi ne pas revenir tout naturellement au fondement de cette dernière en choisissant la conception de la Bible qui apporte sur l’au-delà une réponse saine et juste tout en nous conduisant à vivre pleinement dans le présent ?

Ainsi, dans ce livre par excellence, Jésus-Christ en personne nous révèle le grand dessein divin pour l’humanité : « Je n’ai pas parlé de ma propre initiative : le Père, qui m’a envoyé, m’a ordonné lui-même ce que je dois dire et enseigner. Or, je le sais bien : l’enseignement que m’a confié le Père, c’est la vie éternelle » (Jean 12.49-50, La Bible du Semeur). « Oui, voici ce que veut mon Père : que tous ceux qui voient le Fils et croient en lui aient la vie éternelle et que je les relève de la mort au dernier jour » (Jean 6.40, BFC). Dieu en effet, dans son amour pour les hommes, veut tout simplement les faire participer à sa vie bienheureuse… et éternelle. Une visée ultime de toute-puissance – le plus souvent méconnue ou oubliée des humains – ne se limitant donc pas exclusivement à l'horizon terrestre !

Soit-dit en passant, alors que la vie éternelle était la base de l’enseignement de Jésus-Christ, paradoxalement, aujourd’hui, bon nombre de prédicateurs semblent plutôt réticents à parler du ciel du haut de la chaire (sauf aux enterrements) ! Et pourtant, la pensée du ciel fait partie intégrante – avec le retour du Christ et la résurrection des morts – de l'authentique espérance chrétienne !

Certes, aimerions-nous trouver dans les Ecritures plus de précisions sur l’éternité. « Nous ne sommes pas plus au clair sur le mobilier du ciel que sur la température de l’enfer (3) », reconnaît non sans humour le théologien protestant Reinhold Niebuhr ! Rappelons que, bien avant lui – en 1615 –, Galilée avait écrit à Christine de Lorraine que « la Bible ne nous enseigne pas comment va le ciel, mais comment on doit aller au Ciel (4) » !

Toutefois, l’aperçu que nous y découvrons suffit déjà pour nous donner une petite idée de cet avenir de plénitude éternelle dans la félicité de la présence divine. En réalité, une qualité de vie incomparable, en grande partie indescriptible, car au-delà de toute imagination humaine : « Il s’agit de ce que l’œil n’a pas vu et que l’oreille n’a pas entendu, de ce que l’esprit humain n’a jamais soupçonné, mais que Dieu tient en réserve pour ceux qui l’aiment » (1 Corinthiens 2.9, La Bible du Semeur).

Même si l’on touche ici l’insondable, le fait de savoir seulement que dans l’éternité Dieu aura sa demeure avec les humains, qu’il essuiera toute larme de leurs yeux, que la mort ne sera plus, qu’il n'y aura plus ni deuil, ni lamentations, ni douleur (Apocalypse 21.3-4), que nous profiterons à jamais de la justice divine (2 Pierre 3.13), que nous serons revêtus d’un corps transformé et immortel et surtout que nous serons parfaitement semblables au Fils de Dieu (5), a de quoi nous inciter à prêter encore plus attention à cette apothéose promise au terme de notre vie terrestre (6). Qui plus est, ce diamant inestimable nous est offert gracieusement (Apocalypse 21.6)... cependant à une condition.


Une seule condition

On peut être très étonné de la quête humaine d’éternité manifestée à toutes les époques, mais curieusement nous pouvons découvrir dans la Bible l’explication de cette aspiration naturelle vers le ciel : Dieu a en fait « implanté au tréfonds de l’être humain le sens de l’éternité » (Ecclésiaste 3.11, La Bible du Semeur). C’est ce que confirme Charles Gerber : « Quoi qu’il prétende, l’homme possède au fond de lui-même un sentiment religieux extrêmement puissant [...] A toutes les époques, sous toutes les latitudes et à quelque race qu’il appartienne, il manifeste en effet une soif, une aspiration, un vrai tourment de quelque chose ou de quelqu'un, une inquiétude de Dieu. [...] Partout et toujours, même dans les conditions les plus défavorables, il adore une force supérieure (7). »

Bien plus, Dieu ne se contente pas d’inculquer un sentiment religieux aux hommes, il désire tout naturellement, répétons-le, partager son éternité avec eux, du moins avec tous ceux qui acceptent ce dessein inouï, puisqu’il a également – nous le savons – gratifié ses créatures du libre arbitre. Celles-ci sont donc placées devant l’alternative de choisir entre l’obéissance et la désobéissance, entre le bien et le mal : « Voyez, je place aujourd’hui devant vous, d’un côté, la vie et le bonheur, de l’autre, la mort et le malheur » (Deutéronome 30.15, La Bible du Semeur).

Respectant notre liberté, Dieu ne nous contraint pas d’accepter son éternité, mais nous invite par contre, à choisir le bon chemin pour y avoir accès : « Choisissez donc la vie, afin que vous viviez, vous et vos descendants » (Deutéronome 30.19, La Bible du Semeur). Hélas, on peut constater que l’homme a toujours fait un triste usage de sa liberté, à commencer par nos premiers ancêtres !

Dans la Bible, Dieu apparaît surtout comme un Père compatissant et miséricordieux, aimant ses créatures d’un amour absolu. En leur donnant la liberté, il prend certes des risques, mais ne veut pas d’esclaves ni de robots programmés pour faire le bien ! Il souffre de ce choix de l’homme qu’il a créé candidat à l’éternité et dès la chute du premier couple, fait la promesse de le délivrer de la mort éternelle (Genèse 3.15). Mystère insondable exprimant son éternelle bonté !

La vie éternelle est acquise par la rédemption – le salut apporté par Jésus-Christ à l’humanité pécheresse – et le chrétien s’en empare par la foi, c’est la seule condition (Romains 10.13 ; Jean 3.36 ; Jean 6.47 ; 1 Jean 5.13). Croire (ou avoir la foi) au sens biblique implique la personne du Christ, c’est consentir à un contact permanent avec lui afin qu’il manifeste en nous sa vie (éternelle).

« Chaque individu doit choisir d’accepter ou de rejeter la bonne nouvelle, et personne ne peut entrer dans le royaume de Dieu sur la base de l’héritage ou des relations. Le fait d’avoir des parents chrétiens est une merveilleuse bénédiction, mais ne garantit pas la vie éternelle. Il est nécessaire de croire et de suivre Christ (8). »

En croyant, l’homme ne fait pas un acte méritoire, mais accepte tout simplement un don extraordinaire immérité (le salut éternel), cette acceptation étant, comme nous venons de le dire, la condition du salut. Ainsi, la vie éternelle est véritablement un don de Dieu (Romains 6.23). Nul ne peut l’acquérir par ses œuvres si belles soient-elles ! Dans cet ordre d’idée, l’apôtre Paul déclare également : « C’est par la grâce en effet que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie » (Ephésiens 2.8-9). L’action du croyant est tout simplement la démonstration de sa foi (Galates 5.6 ; 1 Jean 2.6). On pourrait dire qu’il fait des œuvres non pour être sauvé mais parce qu’il est sauvé ! Et ces actions-là ne s’apparentent plus à des mérites.


Quand commence vraiment la vie éternelle ?

Bien que la révélation biblique présente la vie éternelle (dans sa plénitude) comme un événement encore à venir, nous pouvons, selon des déclarations du Nouveau Testament, en goûter les prémices dès à présent.

En réalité, la vie éternelle – l’honneur de vivre éternellement avec Dieu – commence en effet ici-bas dès l'instant où l'on croit : « Dieu nous a donné la vie éternelle et cette vie nous est accordée grâce à son Fils. Celui qui a le Fils a cette vie ; celui qui n'a pas le Fils de Dieu n'a pas la vie. Je vous ai écrit cela afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu » (1 Jean 5.11-13, NFC) ; « Oui, je vous le déclare, c'est la vérité : quiconque écoute mes paroles, et croit en celui qui m'a envoyé, possède la vie éternelle. Il ne sera pas condamné, mais il est déjà passé de la mort à la vie » (Jean 5.24, BFC) ; « Sachez-le, le Royaume de Dieu est au milieu de vous » (Luc 17.21, BFC).

La vie éternelle (du moins, un avant-goût) s'acquiert donc gratuitement, ici et maintenant, par le moyen de la foi en Jésus-Christ. Elle n’est pas défiée par la mort qu’elle transcende avant de devenir pleinement effective avec le retour du Christ : « Celui qui croit en moi aura la vie, même s'il meurt [a également proclamé Jésus] » (Jean 11.25, La Bible Parole de Vie).

« Même si le concept de vie éternelle peut déjà désigner une modalité de la vie terrestre [fait remarquer à ce propos le théologien dominicain Claude Geffré], il est incontestable que le Nouveau Testament affirme la vie éternelle comme une promesse pour l’au-delà (9). » Et cet auteur de préciser : « Dans de nombreux passages du Nouveau Testament, cependant, la vie éternelle n’est pas seulement l’objet d’une espérance pour l’au-delà, mais se trouve déjà anticipée pour tous ceux qui ont part au règne de Dieu. Dans les évangiles en particulier, vie éternelle et règne de Dieu sont des termes presque interchangeables. […] Par la foi, le croyant participe déjà à la vie du Ressuscité, même si ce qu’il est vraiment n’est pas encore manifeste (10) ».

Dès lors, on peut soutenir que l’existence terrestre a pour but d’amener l’être humain devant l’alternative suivante : vivre pour le moment (11) ou vivre pour l’éternité (12). Il n’est pas de choix plus crucial ici-bas ! D’autant plus que jamais la Parole ne laisse entendre qu’une seconde occasion sera offerte après la mort pour revoir cette décision. Aussi, il paraît risqué de compter sur un hypothétique purgatoire, doctrine liée à celle de l’immortalité de l’âme qui remporte de moins en moins d’adhésion parmi les catholiques et qui ne figure pas dans la Bible !

Pourtant, même si le croyant dès le premier pas de la foi, vit déjà virtuellement dans l’éternité, il ne peut se soustraire à la condition humaine, douloureuse pour lui aussi. On peut même affirmer que la souffrance est inévitable pour celui qui marche avec Dieu, mais par contre elle apprend aux hommes à compter sur lui.


Cette réflexion sur l’éternité sous l’éclairage de la Bible est loin d’être achevée. Nous avons conscience que traiter ainsi en quelques pages un sujet si élevé, si profond et à priori tellement inaccessible aux facultés humaines, ne peut qu’en appauvrir le contenu. Toutefois, le côté insatisfaisant ou incomplet des réponses avancées incitera peut-être le lecteur à examiner plus à fond cette pensée commune à tout un chacun. En tout cas, nous espérons avoir démontré la simplicité avec laquelle la Bible met les hommes de toute condition à même de trouver le chemin de l’éternité.

 
Claude Bouchot
 

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1. Pierre Nicole, Extrait de La logique ou l’art de penser [En ligne]. Site Le Figaro [consulté en août 2023]. Disponible sur internet : http://evene.lefigaro.fr
2. Claude Allègre, Dieu face à la science, Paris : Fayard, 1997, p. 223 (LP).
3. Reinhold Niebuhr, cité par Paul Wells, « Et le ciel ? », La Revue Réformée, 2000, n° 206.
4. Galilée, Lettre à Christine de Lorraine et autres écrits coperniciens, Traduction par Philippe Hamou et Marta Spranzi, Paris : Librairie générale française, 2004.
5. A l'endroit de cette question, l'apôtre Paul précise que le Seigneur Jésus-Christ « transformera notre misérable corps mortel pour le rendre semblable à son corps glorieux, grâce à la puissance qui lui permet de soumettre toutes choses à son autorité » (Philippiens 3.21, BFC). Il n'y a donc aucun mystère, à la résurrection des morts, notre nouveau corps conçu pour l’éternité ne sera nullement un esprit désincarné, mais – semblable à celui de Jésus-Christ ressuscité (cf. 1 Jean 3.2, Luc 24.39-43 et 1 Corinthiens 15.35-54) – un corps glorieux, parfait et immortel qui ne sera plus assujetti à la déchéance du mal ni plus jamais menacé par la maladie et la mort.
6. « L'idée de la vie éternelle déplaît à certains, parce que leurs vies sont misérables. Mais ce n'est pas un simple prolongement de cette vie mortelle. C'est la vie de Dieu manifestée en Christ, qui donne dès à présent l'assurance de l'éternité à tous les croyants. La vie éternelle ne connaît pas la mort, la maladie, l'ennemi, le mal ou le péché. Ceux qui ne connaissent pas Christ agissent comme s'il n'existait rien au-delà de leur vie sur terre. En réalité, cette vie est une introduction à l'éternité » (Extrait d'une note de la Bible d'étude Vie Nouvelle, Version Segond 21, p. 220, Copyright © 2004 Société Biblique de Genève, Reproduit avec aimable autorisation).
7. Charles Gerber, Les sentiers de la foi, Dammarie-lès-Lys : SDT, 1981, p. 35.
8. Extrait d'une note de la Bible d'étude Vie Nouvelle, op. cit., p. 26.
9. Claude Geffré, « Vie éternelle », Dictionnaire critique de théologie, Paris : Quadrige / PUF, 2007, p. 1492.
10. Ibid., passim.
11. Cette attitude a été exprimée notamment – il est vrai, avant que Jésus-Christ ne prêche une vie éternelle après la mort – par le poète Horace dans son fameux adage Carpe diem (quam minimum credula postero) que l'on traduit en français par : « Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain », expression qui selon le sens original « incite à savourer le présent qui nous est donné, mais sans récuser toute discipline de vie, dans l'idée que le futur est incertain et que tout est appelé à disparaître » (L’encyclopédie libre Wikipédia, Carpe diem [En ligne]. Site Wikipédia [consulté en août 2023]. Disponible sur internet : https://fr.wikipedia.org).
12. Logiquement, cette seconde optique devrait être celle de tous ceux qui se disent chrétiens… puisque « la croyance en la vie éternelle est un élément constitutif de la foi chrétienne ». Et pourtant, « l’époque contemporaine connaît le fait remarquable de chrétiens nominaux qui confessent le Dieu de Jésus-Christ sans pour autant croire à la promesse d’un au-delà de la mort » (Claude Geffré, op. cit., p. 1492, 1494)… ce qui souligne l’ambiguïté de la notion d’espérance dans l’esprit d’un certain nombre de chrétiens !

 
 
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